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jeudi 30 juin 2011

Le Village des défricheurs

Le 28 juin, je me suis rendue à St-Prosper pour aller visiter le Village des défricheurs.  Je me suis dit qu'un retour dans le temps m'aiderait certainement à mieux comprendre le vécu des habitants de mon nouveau coin de pays.

Plusieurs activités possibles au Village:  Le Village à visiter, la forêt légendaire intéressant à faire en groupe ou en famille, les Feux follets (troupe de conteurs) à aller entendre (sur réservation), les expositions du manoir et le théâtre du Ganoué qui est le voisin.  C'est pas cher, instructif et permet de passer une belle partie de journée.

J'ai pris quelques photos et je regrette d'avoir négligé d'en prendre quelques-unes.  Je vais tenter de me remémorer plusieurs informations que m'a donné mon guide.  C'est bien certain que j'en ai oublié, mais je veux que demeure celles que j'ai présentement en tête.

En arrivant sur le site, nous devons stationner au Théâtre du Ganoué :


Savez-vous ce que veut dire Ganoué?  Faudrait plutôt que je demande savez-vous ce qu'est un ganoué?
Si comme moi vous pensez que c'est un nom original pour un théâtre, sachez maintenant qu'il s'agit du pont donnant accès à la grange.

On se dirige ensuite au magasin général pour aller s'inscrire et débuter la visite.


J'ai été accueillie par trois personnages très importants du village:  la maîtresse d'école, le forgeron et le quêteux (absent de la photo suivante).


Pour le même tarif (10 $ un adulte) on a le choix de visiter seul ou avec le guide.  J'ai pris le guide (personnage du quêteux) et je ne l'ai pas regretté.  Grâce à ses commentaires, vous ferez une visite des plus intéressantes.

Dès que nous entrons dans le magasin général, nous échangeons avec des personnages du passé.  Ces jeunes sont excellents et ne délaissent jamais leur rôle.

Premier échange avec le quêteux, il me demande si je sais ce qu'il fait dans la vie?  En plus de ne pas avoir de domicile fixe, le quêteux demandait l'aumône pour manger, se réchauffer et dormir.  Des habitants craignaient le mauvais sort s'ils refusaient la charité à un quêteux.  Il avait cependant une fonction importante; celle de rapporter et raconter ce qui se passait ailleurs puisqu'il allait de village en village.  Admettons que dans ce temps-là, à part voir ce qui se passait chez le voisin, on savait pas grand chose.

Le quêteux avait droit à un petit coin dans la maison, pas loin de la porte d'entrée et on lui réservait le "banc de quêteux".  Le banc en bois s'ouvrait pour faire une sorte de lit (comme une boîte).  Parfois il avait droit à de la paille à l'intérieur et parfois à rien.  Mais, le problème c'est que le quêteux avait la réputation d'avoir des poux.  Pour être certain que ses poux ne contamineraient pas toute la maisonnée, la mère mettait de la mélasse sur tout le contour du lit du quêteux.  Elle était bien certaine que tous les poux iraient se coller dans la mélasse.  Des commères ont même raconté que cette mélasse était récupérée le lendemain pour se retrouver dans les galettes.

Début de la visite:  Les expositions du Manoir

Au premier étage, il y a des meubles d'antan dont un magnifique poêle à bois à 3 ponts (je regrette de ne pas l'avoir photographié).  C'est une pièce unique et plutôt rare.  Il fallait être très riche dans le temps pour en posséder un.

Au sous-sol, des objets anciens ayant servi aux amérindiens:


Avant l'arrivée des premiers colons, le territoire était occupé par les Amérindiens dont les Abénaquis.

Il y a également beaucoup d'objets anciens relatant la fabrication des produits de l'érable.  Ce sont les amérindiens qui aurait découvert le procédé pour fabriquer le sirop d'érable.


On dit que les hommes utilisaient des moules en forme de coeur et offraient le sucre moulé à la demoiselle tant désirée ... le romantisme ne date pas d'aujourd'hui!!!

Une autre page importante de la Beauce fut la ruée vers l'or:


Mais, bien peu de gens ont réussi à faire fortune.

On peut également apprécier les oeuvres de Henri-Louis Larochelle:


Il sculptait des scènes amérindiennes, d'oiseaux, etc. sur de grands champignons d'arbre.  Bien intéressant à voir et je serais curieuse de connaître son procédé puisque les champignons sont si fragiles.

Au 2è étage, il y a 7 tableaux sur l'histoire des beaucerons dont celui relatant la corvée:


De toujours, les beaucerons sont reconnus pour leur mobilisation que ce soit suite à des incendies ou à une débâcle qui démolit une bonne partie du village.

La visite du manoir complétée, le quêteux vient me chercher et m'accompagne dans le village.

La maison Veilleux (qu'il prononce vedgeu)



Voici maintenant une visite de la maison et des souvenirs de quelques informations reçues.

Le salon


Les murs, plafonds et planchers sont d'origine.  Dans le temps, il n'y avait pas d'isolation et c'était très froid l'hiver.  Quand ils en avait les moyens, ils recouvraient tous les murs d'une tapisserie année après année.  Dans cette maison, il y avait quatre couches successives de tapisserie qui servaient à isoler.  Durant l'hiver, la porte du salon était fermée pour conserver la chaleur dans les autres pièces.

Au fond du salon, le meuble brun est un chic gramophone.  Au mur du fond, il y a les photos de M. et Mme Veilleux.  Savez-vous pourquoi la personne ne souriait jamais sur la photo dans le temps?  Avec les appareils du temps, il fallait beaucoup de temps (peut-être une heure) pour réussir à prendre la photo.  Pour garder le dos droit, la personne était accrochée à un support ... pas confortable donc pas le goût de sourire.  La photo allait également servir comme souvenir au décès de la personne.  Une séance photo coûtait très cher.

Sur le mur à gauche, il y a une reproduction du couple Veilleux.  Dessin ou photo?  Dans le temps, les photos étaient très pâles.  Pour faire ressortir les traits du visage et les formes des vêtements un dessinateur retouchait au fusain toutes les formes.  C'est ce qui fait que ce que nous croyons être un dessin est en fait une photo retouchée.

Les fauteuils sont d'origine.  Les fauteuils étaient surtout réservés à la visite du curé.  Comme chaque famille n'avait pas les moyens d'en posséder, les familles les déménageaient de maison en maison pour recevoir le curé à tour de rôle.

Face au salon, près de la porte d'entrée, il y avait bien entendu le banc du quêteux et sur le mur, au-dessus du banc, la croix de tempérance.  Une grosse croix en bois noir pour rappeler que l'alcool était interdit dans la maison.  Mais, quand la famille avait le goût de festoyer, question de ne pas culpabiliser, la croix se retrouvait à l'intérieur du banc du quêteux.  Fallait pas oublier de la raccrocher pour ne pas s'attirer les foudres du curé.

C'était près de la fenêtre de l'entrée que se trouvait la machine à coudre.  Pas juste pour avoir un meilleur éclairage, mais surtout pour surveiller ce qui se passait chez les voisins.

La cuisine


Au mur, il y a une horloge grand-mère.  Qu'est-ce qui différencie une horloge grand-mère d'une horloge grand-père?  La grand-mère repose sur un meuble ou une tablette alors que la grand-père repose par terre.  Sur l'armoire de bois, il y a un moule à bougie.  Avec quoi fabriquait-on les bougies?  Avec du gras de cochon.  Vous avez parfaitement raison de croire que ça sentait pas bon.  C'est d'ailleur la raison pour laquelle on en allumait seulement en été.

À droite, près de la fenêtre, c'est le coin de pépère d'où il pouvait surveiller ce qui se passait au champs.  Son coin est composé de sa chaise berçante, son crachoir, ses pipes accrochées au mur derrière la chaise et son flacon d'alcool sur le rebord de la fenêtre.


Voici enfin mon quêteux posant à côté des armoires de cuisine.

La famille Veilleux était juste assez riche pour avoir une pompe à eau à l'intérieur.  Au mur, derrière la pompe, il y a une longue serviette dans une sorte de jutte.  Après d'être essuyé les mains, on tirait sur la surviette pour la faire rouler sur son support.  C'était un format familial qu'on ne devait pas changer trop souvent.  L'évier était un caisse de bois.


Le poêle à bois qui servait à chauffer et à cuisiner.  C'est loin de ressembler aux poêles que l'on connaît.  Sur le dessus, il y a les versions antiques du fer à repasser et du fer à friser.  On ne le voit pas sur la photo, mais il y avait un format portatif de poêle que l'on pouvait transporter d'une pièce à l'autre.

La chambre des maîtres


Les maîtres dormaient au 1er alors que les enfants couchaient au 2è.

Du côté droit du lit, on voit un des pots de chambre.  Il y en avait un pour l'urine et un plus gros pour les numéros 2.  C'est le plus jeune de la famille qui avait la responsabilité d'aller vider les pots de chambre (pauvre ti pitt!).

En guise de matelas, il y avait de la paille.  Tous les soirs, avant d'aller au lit, les chats étaient amenés sur le lit.  Vous savez pourquoi?  Non, ce n'est pas pour réchauffer le matelas.  C'est pour que les chats puissent faire la chasse aux souris qui auraient pu s'introduire dans la paille.  Une fois les maîtres couchés, les chats revenaient sur le lit pour les réchauffer.

Sur le lit, il y a un objet blanc surélevé.  C'était un support de maternité pour aider la femme à accoucher.  Sur le lit, il y a également des corsets qui servaient à cacher le ventre de la femme enceinte.  La grossesse ne devait pas paraître.  C'était à tel point que les enfants qui ignoraient l'état de leur mère se retrouvait avec un nouveau né.  On leur disait que c'était un sauvage qui avait apporté un bébé.

On ne voit pas non plus sur le lit les couvre-chaussures (sorte de guêtre ou de bas sans pied) pour femmes.  Ce tissus couvrait le bas de la cheville et le dessus de la chaussure.  Comme les gens possédaient une seule paire de chaussures, il était ainsi possible de les maquiller pour les adapter à la tenue.  Le nombre de boutons sur le côté de ce couvre-chaussures déterminaient la richesse de la personne.  Ceux de Madame Veilleux en comptait 4; ce qui indiquait une petite aisance.  Les dames riches pouvaient en avoir parfois plus d'une dizaine.

Le four à pain


De nouveau mon quêteux pour m'expliquer la construction du four à pain. Les portes à battants étaient commandées.  La voûte du four était faite avec un bois souple (aulne) pour lui donner sa forme arrondie et recouverte d'une jute.  Ensuite, il recouvrait la structure de terre humide à du foin.  En chauffant, ce mélange durcissait et conservait très bien la chaleur.

Pour la cuisson, le pain n'était pas déposé dans le feu.  C'était uniquement la chaleur restante des braises qui cuisait le pain.  Pour mesurer la chaleur du four, la femme introduisant son poignet et comptait.  Quand elle pouvait le garder à l'intérieur en comptant jusqu'à 5, c'était la bonne température.

Poste de téléphoniste au bureau de poste


C'est au bureau de poste que le poste de la réceptionniste était installé.  Difficile d'avoir une conversation privée dans ce temps-là ... la téléphoniste pouvait suivre toutes les conversations!

L'école


La maîtresse d'école habitait l'école et devait s'engager à ne fréquenter aucun homme.

Le poêle à bois à 2 ponts était situé entre la classe et la chambre.  La maîtraisse devait préparer le dîner des élèves.  Les élèves étaient placées dans la rangée de pupitres lui convenant.  Ceux du bord des fenêtres était le côté été, ceux du bord du poêle était le côté hiver (c'était chaud).  La rangée du centre pour les meilleurs et la lignée du fonds pour les innocents (ceux qui devaient aider sur la terre).  Près de la rangée des innocents il y avait deux trappes dans le mur pour évacuer l'odeur des pets.

Quand un élève était turbulent ou répondait mal à une question, il était envoyé au coin, à genoux le dos droit.  Pour augmenter la punition, la maîtresse pouvait déposer de lourds livres dans chacune de ses mains avec les bras étendus.  La punition sublime était d'aller à la cave.  L'espace était très petit et noir ... mais servait à l'occasion à la conservation des tartes cuisinées par la maîtresse.

Les enfants de famille plus riches avaient des encriers pour écrire, tandis que les autres avaient des ardoises.

La maîtresse gardait à dormir avec elle sa chouchou qui pouvait témoigner qu'elle ne voyait aucun homme.

Quant elle trouvait une souris, elle devait la jeter vivante dans le feu.  Il paraît que les cris de la souris éloignait les mauvais esprits en plus de faire fuir toutes les autres souris se trouvant dans l'école.

La cordonnerie


Dans le temps, une paire de souliers durait presque toute la vie.  Il n'y avait pas de sens aux chaussures (gauche ou droit) .  On changeait le soulier de pied pour égaliser l'usure.  La semelle était souple et quand le soulier devenait trop petit, le cordonnier utilisait des formes pour l'élargir et l'étirer.  Sur la photo on voit une bonne blanche qui servait pour faire la drave puisqu'il y avait des pics au talon pour empêcher de glisser.  Et dire qu'au risque de leur vie ils travaillaient les pieds dans l'eau très froide à pousser des billots ... c'était loin d'être imperméable et d'offrir de la sécurité.

Le cordonnier fabriquait également les raquettes, les brides et les selles des chevaux.

La forge


En plus de fabriquer les différents fers des chevaux, le forgeron inventait et touchait à tout ce qui était en métal.  Il était ingénieux et indispensable à sa communauté.  Ce savoir se transmettait de père e fils.  La buche supportant l'éclume se transmettait aussi de père en fils.  Elle devait avoir la taille, la solidité et l'équilibre parfait pour encaisser les coups.  Quand il cognait un morceau de métal chauffé, il alternait d'un coup sur l'objet et d'un coup sur l'enclume.  Pourquoi?  Pour éviter la vibration du coup dans son bras.

Voyez la chaudière blanche au pied du four.  L'eau de la chaudière serait à refroidir le fer chauffé.  Le forgeron conservait cette eau et la faisait boire à des gens malades.  Paraîtrait que cette eau remplit de déchets de fer avait des propriétés guérisseuses.

Au fond de la forge, il y avait un entonoir au mur servant d'urinoir au forgeron.  Pas loin de ce coin là, les hommes du village se réunissait pour jouer au dames et placotter ensemble.  Le nom du jeu aurait été trouvé en pensant aux femmes qui étaient interdites à la forge.

Les outils


Les hommes du temps étaient ingénieux et débrouillards.  Il leur fallait toute une force physique pour accomplir tous les travaux.

Sur cette photo, on voit des instruments servant à fabriquer le bardeau de bois.  Un toit recouvert de ce bardeau était bon 120 ans.  Il fallait le rendre très lisse pour le rendre imperméable.  Souvent, les membres de 3 ou 4 familles se mettaient ensemble pour fabriquer un toit et l'offrir en cadeau de mariage.


Pour aider à faire fonctionner de la machinerie, on utilisait le horse power.  On faisait entrer un cheval dans le caisse et le faisait marcher sur le tapis roulant.  La roue qui se mettait à tourner était attachée à un autre équipement et le faisait fonctionner.  Pour les outils plus petit, le dog power avait aussi été inventé.

Les vieilles granges à visiter sont remplies d'outils, de machinerie et de moteurs de toutes sortes.  C'est un véritable musée.  Incroyable que l'on puisse voir tout cela encore aujourd'hui.

En conclusion, j'ai grandement apprécié cette visite et je vous la recommande.  J'y retournerai certainement encore pour en apprendre davantage.  C'est plus intéressant qu'un cours d'histoire!

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